Innovation

 Les métiers d'aujourd'hui ne seront plus les métiers de demain. Avec le développement de l'I.A. et de la robotique, nos métiers vont se transformer si pas carrément devoir être inventés.

Mais il faut nuancer le discours un peu catastrophiste qui veut que les 3/4 d'entre nous perdrons leur travail. En effet : "Car une innovation ne se généralise que si elle est assez rentable pour justifier de lourds investissements." [1].

Outre la question de la rentabilité de l'introduction des évolutions technologiques à venir, se posera aussi le problème de son acceptabilité sociale. Ces innovations seront-elles bien accueillies par le public, les clients, les patients ?

La diffusion technologique dépend de trois facteurs selon Everett Rogers. Ces trois grandes catégories de facteurs sont : "les caractéristiques des produits ou services; les caractéristiques des consommateurs; les profils des différentes catégories d’adoptants au fur et à mesure que l’innovation se diffuse." [2].

Les caractéristiques des produits I.A. et des robots, de par les investissements à faire pour les entreprises et les adaptations en terme d'organisation du travail et du personnel, peut, à l'instar d'Internet, en faire "un produit dont la diffusion ne peut être que graduelle, avec des successions répétées de phases d’accélération et de temporisation, qui reflètent le difficile équilibre entre la performance technique et l’adaptation des utilisateurs." [2].

En fonction de la complexité des outils et technologies I.A. et des robots, leur diffusion sera plus ou moins rapide. En effet, il faudra savoir dans quelle mesure le personnel devra être formé, quelles sont les contraintes techniques pour introduire les innovations, quel est le degré d'acculturation à l'innovation, etc.

La diffusion des innovations se fera d'autant plus rapidement que les utilisateurs auront la possibilité de s'y familiariser, de pouvoir avoir une idée claire de ce à quoi elles servent, et y trouver un avantage relatif en terme de coûts, d’efficacité et de facilité d’utilisation.

Chaque nouveaux produits et services I.A. ou robots, qui vont être proposés dans les années à venir, vont être adoptés en fonction de ces critères. Tout comme l'ont été Internet, ou le Smartphone, cette adoption se fera graduellement et entrainera probablement avec elle d'autres innovations, comme Internet l'a fait avec les pages Web, ou le Smartphone avec les Apps.


[1] Baptiste Legrand , "Comment travaillera-t-on en 2049 ?", L'OBS, Rubrique Economie, 23/10/2019, https://www.nouvelobs.com/economie/20191023.OBS20174/comment-travaillera-t-on-en-2049.html
[2] Fondation Travail - Université ASBL, "La diffusion des innovations : le cas d'Internet", La lettre EMERIT n° 32, 2002, http://www.ftu-namur.org/fichiers/Emerit32.pdf


Evolution du travail

Avec l'arrivée de l'Intelligence Artificielle, nous craignions de devenir obsolètes en tant que travailleurs, et de vivre dans une société sans travail.

Le scénario de notre monde du travail gouverné par une Intelligence Artficielle serait : "celui d’un monde où les machines monopoliseraient les activités de production sans que l’homme y ait sa place, devenu obsolète car trop lent et pas assez endurant pour soutenir la nouvelle norme de rentabilité imposée par les machines autonomes." [1].

Une hypothèse plausible est que la déstruction des anciens emplois n'engendrera pas assez de nouvelles créations d'emplois, contrairement à la théorie de destruction créatrice de Schumpeter [2]. Nous serions dans la situation dans laquelle : "l’acte de création généré par l’innovation ne serait plus suffisant, et sur chaque emploi ancien ou nouveau, prendrait place une machine au point de ne plus réussir à générer de nouvelles activités occupables par un être humain." [1].

La révolution industrielle du XIXe siècle a engendré la mécanisation de la production et part là l'augmentation de la productivité des travailleurs. Sans suivi l'arrivé du travail à la chaîne avec Henry Ford, qui donnera naissance à la société de consommation. L'étape suivante a été la robotisation des chaînes de production dans les années '60-'70. Toujours dans un soucis de réduction des coûts de production les entreprises ont commencé à délocaliser les emplois non automatisables vers les pays émergents : "Mais les gains de coûts de production considérables que ce double phénomène a alimenté ont favorisé l’expansion de la société de consommation ; cette dernière a généré de nouveaux besoins, demandant une forte main-d’œuvre pour la gestion des flux et des plateformes marchandes symbolisées par les grandes surfaces. La main-d’œuvre ainsi libérée fut donc absorbée par le secteur tertiaire dont l’emploi devint vite dominant dans les économies développées." [1].

Les emplois perdus du fait de l'automatisation et de la délocalisation ont donc été compensées par la création de nouveaux emplois dans la distribution et la logistique. L'activité économique est donc passée du secteur secondaire vers le secteur tertiaire, de l'industrie de la transformation à l'industrie de service [3].

L'Intelligence Artificielle et ces nouvelles automatisations de masse des emplois, avec la robotique intelligente, vont ne mettre devant la nécessité de repenser non pas le salariat, mais notre conception même de notre civilisation basée sur le travail et la consommation, et : "Les deux seuls événements passés comparables par leur ampleur furent le passage du paléolithique au néolithique, et le passage des sociétés agraires à l’ère industrielle." [1].

Certes, cette transformation de notre civilisation ne devrait pas se faire du jour au lendemain, car les évolutions en matière d'intelligence artificielle sont progressive et jusqu'à présent très spécialisée comme le diagnostique médical ou la gestion de dossier bancaire, mais elle est en route.

Diverses théories se proposent d'envisager cette transition comme allant passer d'"une société du salariat en recherche de plein emploi à une société de l’oisiveté pleinement automatisée (...)" [1].

La première de ces théories est celle de la polarisation de David Autor, professeur d’économie au MIT, qui nous explique qu'un bon nombre d'emplois du secteur tertiaire sont facilement automatisables, car : "il s’agit d’activités très codifiées demandant l’application de procédures préétablies et peu de créativité." [1].

Une autre partie des emplois qui compose le secteur tertiaire regroupe : "les emplois très qualifiés demandant adaptabilité, créativité et flexibilité, résistants pour l’instant à l’automatisation ; j’y ajouterais les nouveaux emplois hyper qualifiés demandant une capacité particulière dans la collaboration avec la machine." [1].



The Robot Revolution: Automation Comes into Fashion | Moving Upstream - Wall Street Journal

Il nous restent les emplois peu qualifiés mais : "dont le coût d’automatisation est supérieur à l’utilisation d’une main d’œuvre peu qualifiée et peu protégée comme c’est souvent le cas dans certains pays émergents." [1].

Le marché du travail subit une érosion de la classe moyenne et : "une polarisation du marché du travail en deux entités distinctes : des emplois peu rémunérés ne demandant pas de qualification particulière ; et des emplois très bien rémunérés demandant une grande expertise et un haut niveau d’éducation." [1].

Ce phénomène de polarisation du marché du travail va entrainer la mise sous pression des salaires, avec comme effet que : "Les emplois moins qualifiés concernés par un nombre croissant de candidat vont voir leur salaire moyen stagner quand ceux très qualifiés, toujours en sous effectifs, verront le leur augmenter." [1].

Nous devrons donc tenir compte de ce phénomène générateur de pression sociale et nous devrons : "accompagner le phénomène en adaptant régulièrement nos modes de fonctionnement." [1].


[1] Cyril Gazengel, "La lente évaporation du travail", Association Française Transhumaniste - Technoprog, 18/12/2016, https://transhumanistes.com/la-lente-evaporation-du-travail/
[2] Wikipédia, "Destruction créatrice", https://fr.wikipedia.org/wiki/Destruction_créatrice
[3] Wikipédia, "Secteur économique", https://fr.wikipedia.org/wiki/Secteur_économique


Tendances

Selon certaines études, le secteur du bâtiment et de l’efficacité énergétique ne risquent pas d'être en pénurie de travail avec l'arrivée de la robotisation et de l'Intelligence Artificielle, notamment à cause de l'évolution de la domotique, qui nécessitera l'installation de capteurs, d'isolation, etc.

D'autres secteurs veront leur métiers se spécialiser ou dériver de métiers déjà existants : "comme les informaticiens d’il y a vingt ans, aujourd’hui segmentés entre ingénieurs réseau et ingénieurs logiciels. Il y aura à l’inverse des phénomènes d’hybridation, lorsque deux métiers ne feront plus qu’un, à l’image du « datascientiste », fusion du développeur informatique et du statisticien." [1].
 
Les métiers les plus menacés sont : "de 10 % à 15 % des postes actuels, les plus répétitifs et les plus standardisables, devraient disparaître d’ici à dix ans sous les effets de l’automatisation et de la robotisation, selon France Stratégie." [1].

Dans le secteur de la banque, par exemple, où la vente en ligne remplace déjà les agences. Ou dans les activités de maintenance : les capteurs et l’intelligence artificielle permettent de développer la maintenance prédictive et de réaliser des réparations à distance.



L’intelligence artificielle va-t-elle détruire des emplois ? - France Culture

Mais comme nous le rappelle Michel Héry, de la mission veille et prospective de l’Institut national de recherche et des sécurité (INRS) : "A quelque moment de l’histoire que l’on se place, on a toujours vu les emplois qui étaient menacés sans pouvoir identifier ceux qui allaient apparaître. Or, il n’y a jamais eu de hausse massive du chômage liée à une innovation technologique." [1].

L'optimisme de Michel Héry est néanmoins à nuancer. En effet, selon le World Economic Forum de Davos, la révolution Big Data et I.A. "devrait créer 2,1 millions d’emplois et en détruire 7,1 millions" en cinq ans. Et une étude de l’université de Boston prévoit que : "chaque robot introduit sur le marché du travail détruit 6 emplois. Et il entraîne également une légère baisse de salaire chez ses collègues humanoïdes." [2].


[1] Baptiste Legrand , "Comment travaillera-t-on en 2049 ?", L'OBS, Rubrique Economie, 23/10/2019, https://www.nouvelobs.com/economie/20191023.OBS20174/comment-travaillera-t-on-en-2049.html
[2] Marion Viola , "Cycle intelligences 4/4 – Focus travail : métro, robot, dodo !", FUTUR.E.S, 24/05/2017, https://blog.futuresfestivals.com/cycle-intelligences-44-focus-travail-metro-robot-dodo/


Opportunités économiques

Les bots ou assistants virtuels vont bientôt se généraliser : "Ces assistants intelligents personnalisés seront en quelques sortes des extensions de nos cerveaux." [1]. Nous serons bientôt assistés dans l'ensemble des aspects de notre vie professionnelle et privée, en effet : "Ils seront aussi capables de prendre des initiatives à notre place comme remplir le frigo, postuler pour un autre job sans même qu’on y ait pensé, ou encore appeler une ambulance (...)" [1].

Toutes ces nouvelles applications basées sur l'intelligence artificielle devraient, selon une étude de PWC, faire croître le PIB mondial de 14% d’ici 2030 [1].

L'intelligence artificelle devrait faire croître la productivité du travail de plus 55% sur la période 2016-2030 et accroître la rentabilité moyenne de 38% d’ici 2035 [1].

Les secteurs qui bénéficierons le plus de l'intelligence artificielle seront selon le cabinet de conseil Accenture : "les secteurs de l’information et la communication, de l’industrie manufacturière et des services financiers (...). Même les secteurs basés sur l’humain comme les services sociaux et l’enseignement (des secteurs où la croissance est généralement lente) connaitront respectivement une hausse importante de la valeur ajoutée brute de 109 et 216 milliards de dollars." [1].

Les opportunités de croissance et de développement devraient donc être nombreuses pour les PME. Dans l'industrie, la vente mondiale de robots a augmentée en 2015 de 33%, selon la fédération internationale de la robotique [1].

Ainsi, au regard du potentiel de développement et de croissance que va permettre l'I.A. : "Il devient clair que dans un futur proche ou moyen toutes les tâches qui sont potentiellement automatisables seront remplacées par des robots dotés d’IA et ce même dans le secteur tertiaire de service." [1].

Selon une étude de l’université d’Oxford : "les intelligences artificielles pourront surpasser les humains dans certains domaines dès la prochaine décennie et remplacer l’ensemble des tâches humaines pour 2061" [1].

En Belgique, selon l’IWEPS : "564.000 emplois seraient menacés à moyen terme (10 à 20 ans) par une digitalisation (thématique plus large que la simple IA), ce qui représente 49,3% de l’emploi wallon recensé en 2015." [1].

Ces chiffres sont à nuancer, ainsi selon l’OCDE : "le pourcentage des emplois automatisables (c’est-à-dire dont au moins 70% des tâches sont automatisables) serait de seulement 9% dans la zone OCDE et de 7% en Belgique touchant principalement les travailleurs ayant un faible niveau de formation et les plus pauvres." [1].

Par ailleurs, l'OCDE met en garde sur l'amplification du fossé entre "les travailleurs coincés dans des emplois peu qualifiés et mal rémunérés et ceux bénéficiant d’emplois assurant une rémunération et un bien-être suffisant" [1].


[1] Antoine BERTRAND, "Émergence de l’intelligence artificielle - Quels défis et opportunités pour les PME bruxelloises et wallonnes ?", UCM, Service d’études d’UCM National, 2017, https://www.ucm.be/content/download/183180/3681845/file/ucm-etude-intelligence-artificielle.pdf


Monopole des GAFA

L'intelligence artificielle est nourrie de datas pour faire de l'apprentissage profond ou Deep Learning. Cette masse de données provient en grande partie des sites Internet à grande fréquentation, les géants du net, sur lesquels les visiteurs laissent de nombreuses données de type messages, images, préférences, commandes d'achats, etc. L'accessibilité à cette masse de données est donc entre les mains d'un petit nombre d'entreprises qui bénéficient d'un monopole : "les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazone) qui sont en contact constant avec nos données. Moins connus mais tout aussi puissant les BAT (Baidu, Alibaba, Tencent) se sont aussi lancés dans la course à l’IA." [1].

Cette situation de monopole de ces géants du net est devenue impossible à ratrapper et leurs investissements dans le développement de l'I.A. est colossale, ce qui fait que : "Il y a donc toute une partie de la recherche qui échappe désormais complètement au contrôle public, qui n'est plus financée par des fonds publics, et qui donc dépend du bon vouloir ou de ce que des investisseurs (...)" [1].

L'Europe est déjà hors course car : "aucune entreprise européenne ne fait partie de ces GAFA ou BAT. L’économie du vieux continent sera donc dictée par une poignée d’entreprises américaines et asiatiques sans que nous ayons de contrôle sur l’algorithme ou les données utilisées pour nourrir leurs IA." [1].


[1] Antoine BERTRAND, "Émergence de l’intelligence artificielle - Quels défis et opportunités pour les PME bruxelloises et wallonnes ?", UCM, Service d’études d’UCM National, 2017, https://www.ucm.be/content/download/183180/3681845/file/ucm-etude-intelligence-artificielle.pdf


Petites mains du Net

Avec les logiques des classements aux nombres de commentaires ou de notations positives de produits commeciaux, de services commerciaux, ou même d'utilisateurs de réseaux sociaux, s'est développé une économie sousterraine du clics.

Ainsi, ce sont développées, dans les pays en développement, des mini-entreprises, des fermes à clics, qui sont payées quelques dollars pour booster le traffic web vers un produit, un site internet, à l'aide de centaine de smartphones : "Les fermes à clics sont des entreprises qui ont pour mission de booster de manière frauduleuse des avis ou du trafic web. Les employés de ces entreprises sont assis face à des racks contenant des centaines de smartphones et cliquent inlassablement sur des publicités, une newsletter, ou une application qu’ils vont télécharger en masse et noter positivement." [1].

D'autres types de petits boulots sont apparus avec les besoins de traitement des données de masse. Ainsi, avec l'arrivée de l'intelligence artificielle et des assistants connectés est né le travail de "dresseur d’intelligence artificielle", qui consiste à corriger des retranscriptions automatiques par exemple, et : "Ces employés, payés à la tâche, ont souvent accès à des conversations privées, des requêtes porno, des adresses personnelles et tout un tas de données privées et sensibles." [1].


Tout savoir sur le travail du clic avec Antonio Casilli - France Culture


Pour palier les tâches que l"I.A. ne sait pas encore faire, comme : "Lire des tickets de caisse et rapporter le montant, décrire une photo, renommer des fichiers, rédiger des critiques ou donner des avis…", sont apparus les micro-tâcherons : "Il s’agit généralement d’individus travaillant chez eux et effectuant pour quelques centimes, des centaines de micro taches." [1].

Avec les réseaux sociaux sont apparus les "éboueurs de réseaux sociaux" qui trient les vidéos ou les photos postées par les utilisateurs : "À eux de décider s’ils doivent laisser en ligne des clips montrant des enfants hurlant après un bombardement, ou des scènes de décapitations de Daesh. Soumis à un intense stress psychologique, certains travailleurs justifient toutefois leur travail comme un mal nécessaire permettant de protéger le monde numérique." [1].

Toutes ces nouvelles formes de travail précaire dans les pays en voie de développement nourrissent le développement des algorithmes des grandes entreprises de l'intelligence artificielle pour les unes, offrent des oportunités de tricher avec les systèmes de classements pour d'autres, ou encore évitent les dérapages sur les réseaux sociaux. Mais toutes ont la caractéristique de n'être que du travail précaire, mal payé, effectué dans les conditions de travail en vigeur dans les pays en voie de développement.

Et n'oublions pas les autres petites mains de la technologie. Les enfants qui travaillent dans les mines de terre rares dans des conditions épouvantables : "Selon l'Unicef, plus de 40 000 enfants travaillent dans les mines de cobalt et de cuivre de la province du Katanga, dans le sud de la RDC." [1].

Et nos smartphones ne sont pas en reste en matière de condition de travail : "les usines d’assemblage font souvent appel à des travailleurs mineurs et les logent dans des dortoirs insalubres situés à côté du lieu de travail." [1].

L'économie numérique et le développement de l'intelligence artificielle passent donc, pour partie, par une économie souterraine peu enviable pour se développer. Le Big Data et l'I.A. ont donc besoin de beaucoup de main d'oeuvre, et elles ne s'en vantent pas de cette facette de leur "intelligence".


[1] David-Julien Rahmil, "Eleveur de clics, dresseurs d'IA... découvrez les petites mains de la tech", L’ADN, Rubrique Tech à suivre, 12/09/2018,  https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/metiers-secrets-technologie/


Intégrer les technologies

Pour beaucoup de patrons la transition numérique n'en reste pas moins inévitable dans les 5 à 10 ans à venir : "Ainsi, plus de six dirigeants de TPE sur dix considèrent que d'ici cinq ans, des investissements seront nécessaires pour adapter leur activité." [1].

Au travail , les avantages de l'I.A. devraient être source d'une productivité accrue car : "L’IA au travail apportera rapidité, flexibilité, gains de productivité et donc des réductions de coûts, ou encore des économies d’énergies. Une meilleure planification de la production, des méthodes plus agiles, plus fluides, plus rapides et plus flexibles permettant répondre de manière adaptée à des exigences de marché." [1].

Le style de management risque également de devoir s'adapter à la numérisation en : "passant d’une organisation top-down vers un mode de travail beaucoup plus collaboratif." [1].

Le type de personnel qui sera recherché va également évoluer vers : "des profils capables de s’adapter facilement, avec peu de résistance aux changements, sachant que cette personne devra s’adapter aux évolutions technologiques et aux progrès de l’IA tout au long de sa carrière." [1].


[1] Antoine BERTRAND, "Émergence de l’intelligence artificielle - Quels défis et opportunités pour les PME bruxelloises et wallonnes ?", UCM, Service d’études d’UCM National, 2017, https://www.ucm.be/content/download/183180/3681845/file/ucm-etude-intelligence-artificielle.pdf


De l'ouvrier au cadre

La révolution numérique va toucher tous les métiers, et la "destruction créatrice" de Schumpeter n'est qu'une hypothèse.

En effet, comme nous le rappelle Alexandre, 
porte-parole et vice-président de l'Association Française Transhumaniste : "La première vague d’automatisation a fait disparaître de nombreux métiers manuels, et a poussé les humains vers des emplois dits « de bureau » : secrétaire, avocat, ingénieur… Autrement dit, des métiers où l’on traite de l’information. Mais si l’IA effectue ces tâches intellectuelles aussi bien (voire mieux) que l’humain, que restera t-il à ce dernier ?" [1].

Rien dans le travail intellectuel ne peut, en théorie, échapper à être remplacé par de l’I.A.. Mais comme le souligne Alexandre : "Libérée du labeur et de la nécessité, l’humanité pourrait se consacrer à l’art, la science, la découverte, la création…" [1].

Notre système économique étant basé sur la dualité "travail-chômage", pourront-nous l'adapter avec une réduction massive du temps de travail ? Par un revenu universel de base qui poserait comme nouvelle dualité "impôt-revenu universel" ? Et un impôt sur quoi et sur qui ? Une combinaison des deux avec une réduction massive du temps de travail et compensation salariale par un impôt négatif avec la possibilité du non travail ou du chômage volontaire, financée par un impôt sur les dividendes, les robots, les transactions financières, accompagnée d'une limitation des hauts salaires et une taxation des profits ?

Comme le soulligne Alexandre : "Quoiqu’il en soit, il faut dès à présent réfléchir à des solutions pour faire en sorte que l’automatisation soit bénéfique à la société dans son ensemble (ce qu’elle devrait logiquement être), et non un accélérateur de crises économiques et politiques (si l’on persiste dans le paradigme actuel)." [1].



L'intelligence artificielle va-t-elle révolutionner le travail ? #cadire 23/03/2017 - C à dire


[1] Alexandre, "Intelligence artificielle et automatisation", Association Française Transhumaniste - Technoprog, 19/02/2017, https://transhumanistes.com/intelligence-artificielle-automatisation/

S'adapter ?

Si nous ne voulons pas être complètement largués par l'arrivée de l'I.A., Laurent Alexandre nous conseille de :"nous préparer aux métiers qui seront complémentaires de l’intelligence artificielle (IA). En effet, se former aux métiers qui seront bientôt automatisés est une perte de temps." [1].

Laurent Alexandre préconise qu'il faudra : "augmenter le niveau d’intelligence de la population pour rendre ces métiers accessibles au plus grand nombre." [1]. Mais actuellement : "Ce n’est pas un problème d’intelligence ou de qualification : nous sommes trop qualifiés pour la plupart des métiers. Le problème, c’est qu’il n’y a pas assez de ces métiers pour tout le monde." [1].

Il nous faudra donc inventer la société post-travail, celle qui dépasse notre idéologie dominante de l'identité sociale par le travail, celle du "je travaille, donc je suis", dans un monde du travail de l'incompétence généralisé face à l'I.A. comme aux autres évolutions.

Mais, dans notre idéologie dominante actuelle basée sur le travail et prenant l'I.A. pour concurrente, pour ne pas être largués par une I.A. nous serions obligés d'augmenter nos propres capacités intellectuelles au travers du transhumanisme, comme le souligne Laurent Alexandre : "Nous n’avons pas le choix, nous devons augmenter nos capacités cognitives, que cela nous plaise ou non !" [1].

La place que va occuper l'I.A. dans nos emplois futurs n'est pas encore très clair. L'I.A. va nous remplacer, peut-être que nous l'inventon justement pour cela, pour sortir de notre société du sacrosaint "travail" et construire autre chose comme en rêvaient les humanistes de l'Antiquité, une société pour vivre pas pour générer des profits capitalistes.

[1] Alexandre, "Faut-il devenir complémentaire de l’IA ? Une réponse à Laurent Alexandre", Association Française Transhumaniste - Technoprog, 28/07/2017, https://transhumanistes.com/reponse-a-laurent-alexandre/


Adapter la formation

L'évolution liée au développement de l'I.A. et de la robotique intelligente va créer de nouveaux besoins en formation et en savoir-faire.
Selon le Conseil d’orientation pour l’emploi français, de nouvelles compétences seront recherchés [1] :
  • "des compétences expertes très ciblées pour les métiers coeur du numérique et de l’automatisation ;
  • des compétences professionnelles techniques nouvelles pour un grand nombre d’emplois largement liées à l’hybridation des métiers :
    • d’une part, des compétences liées à l’utilisation des nouvelles technologies ;
    • mais aussi des compétences techniques qui ne sont pas liées à l’utilisation des technologies au sein de l’organisation, mais aux transformations économiques et sociales liées à la numérisation de la société et de l’économie.
  • des compétences dites transversales:
    • des compétences numériques générales pour maîtriser les outils et comprendre leurs usages;
    • des compétences sociales et situationnelles complémentaires d’une organisation du travail modelée pour partie par les technologies ;"

Il sera necessaire, pour pouvoir suivre l'évolution des changements technologiques, de faire preuve d'adaptation et de se former tout au long de la vie. Ansi : "Un niveau plus élevé en compétences numériques sera très certainement à l’avenir le gage d’une meilleure employabilité et de la possibilité de progresser, et cela pour tous les niveaux de qualification." [1].


[1] Antoine BERTRAND, "Émergence de l’intelligence artificielle - Quels défis et opportunités pour les PME bruxelloises et wallonnes ?", UCM, Service d’études d’UCM National, 2017, https://www.ucm.be/content/download/183180/3681845/file/ucm-etude-intelligence-artificielle.pdf


Après la mécanisation de la matière, voici venu le temps de la mécanisation des corps et des esprits. Forme ultime de la mécanisation de l'ère industrielle.







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