Le Sport et la Cybernétique

Le monde du Sport n'échappe pas aux évolutions cybernétiques, il est même un secteur très prisé des objets connectés et autres coachs numériques. 

Le monde du sport amateur participe au développement d'une nouvelle mouvance qui est celle de s'auto mesurer, de surveiller son poids, sa tension, son rythme cardiaque, bref de faire du "quantified self".

Le sportif se surveille pour s'améliorer, et ce grâce au développement des objets connectés, ainsi : "Le quantified self, l’automesure, peut vous aidez à atteindre les objectifs que vous vous fixiez. Votre smartphone devient votre meilleur ami et grâce aux multiples applications et bracelets connectés qui se développent vous suivez en temps réel les progrès que vous faites. L’ère du coach virtuelle est maintenant en place." [1].

Le monde du sport est donc, pour les entreprises de l'I.A, de l'Internet des objet, et des objets connectés, une source de développement considérable, car tout y passe, des vêtements, chaussures, bracelets, lunettes, montres, raquettes, gants, maillots, casques, ballons, tout est potentiellement connectables, ainsi : "Le quantified self a vu naitre des objets connectés dont nous ignorions l’existence et qui, pourtant, est une grande révolution." [1].



Top 5 des objets connectés pour les sports de combat - OBJETCONNECTE.NET

Cette évolution est un transfère de technologie entre le milieu médical, le monde du sport professionnel, et le monde du sport amateur. L'évolution des capteurs en médecine et du sport professionnel a permis le développement de toute une série d'appareils connectés pour le monde du sport amateur. La technologie permet d'améliorer les résultats des sportifs professionnels et amateurs.

La technologie mesure et optimise, mais aussi sert à mieux connaitre les limites humaines, pour éviter de les dépasser et mettre le sportif en danger : "Optimiser la durée et l'intensité de l'entraînement pour tirer le maximum de chaque joueur, sans pour autant les exposer au surentraînement." [1].

Elle permet d'identifier les points faibles, de corriger les mouvements des joueurs, d'optimiser les phases de récupération, et suivre en temps réels le sportif. Et pour Gaël Guilhem, directeur du laboratoire Sport, expertise et performance de l'Insep : "Ces outils incitent les gens à bouger et les soutiennent dans leurs efforts. Au-delà de la performance, ils jouent un vrai rôle sur la santé." [2].

Ainsi : "D’après une récente étude du think thank européen IDATE, à l’horizon 2021, près de 528 millions d’objets connectés destinés à des activités sportives seront vendus." [3].

Mais cette gadgetisation du monde du sport n'aurait pas les effets escomptés, en effet : "Selon l’étude de l’IDATE, cette démocratisation des appareils connectés dans le sport  n’est pas sans obstacle. L’effet “gadget” est bien présent pour les sportifs, ces objets lassent rapidement, ainsi 33% des utilisateurs les abandonnent après six mois d’usage et 50% au bout de 18 mois." [3].

Une nouvelle tendance se développe également, celle de la mise en réseau à distance d'appareils connectés à domicile, sorte de salle de fitness virtuelle. Ainsi certains fabricants d'appareils de sports comme les vélos ou tapis d'appartements proposent une forme d'externalisation de la pratique sportive au travers de modèles équipés de tablettes connectés interactives qui permettent des entrainements collectifs chez soi, en offrant également des cours en ligne et autres services. Ainsi : "Les avancées technologiques des dernières années ont rendu possible le rêve de beaucoup, le confort d’une salle de sport sans avoir à sortir de chez soi. L’accès au haut-débit rend possible la vidéo à la demande en haute qualité, et les appareils connectés comme les électrocardiogrammes et compteurs de pas des smartwatchs sont une source de méta-données extrêmement précieuse pour les géants du numérique." [4].

Serions-nous devant l'avènement d'une nouvelle forme de rapport au sport. Celui dans lequel le sportif ne suit plus ses "sensations", ne se détermine plus lui-même ses limites, celui de l'autogestion de l'effort à celui de l'effort infogéré ?


3 Joël de ROSNAY sport et cybernétique - HOMO LUDENS le corps en jeu

Tout ces évolutions, très utiles pour le sportif et les équipes, le sont également pour les producteurs de logiciels et le marché de l'exploitation des datas, ainsi : "L’exploitation de la data avec des logiciels, des applications devient plus rentables que la production d’objets connectés en elle même. Marché porteur dans le secteur sportif. Nike par exemple abandonne les objets connectés pour se concentrer sur l’exploitation des données et performances sportives." [5].

Et cette exploitation des données des sportifs, comme pour d'autres secteurs dans le monde des objets connectés, est tributaire des législations relatives à la protection des données personnelles, néanmoins : "Les conventions internationales précisent que les hébergeurs de données doivent se conformer à la législation des pays dans lesquels ils sont implantés.Ce qui laisse une grande marge de manœuvre aux nombreuses sociétés situées en dehors de l’Europe, là où les règles sont plus souples. De plus, s’il existe des conditions très restrictives sur l’utilisation des données personnelles de santé, les informations liées au sport sont considérées comme relevant du « bien-être » et échappent à une législation plus contraignante." [5].

Les datas recueillies par les objets connectés sont donc un enjeu aussi important que les objets eux-même, car : "Les informations recueillies sont d’une importance capitale pour alimenter les services R&D, elles permettent de faire évoluer les produits ainsi que de personnaliser le marketing selon les caractéristiques de chaque sportif." [3].

Il n'y a donc, sur le marché des objets connectés pour sportifs, pas que de belles promesses de meilleurs performances et de meilleurs formes, mais aussi pour les équipementiers, celles de l'augmentation du chiffre des ventes et des revenus publicitaires. C'est l'autre aspect de cette mouvance qu'est le "quantified self" que l'on définit comme : "Le “quantified-self”, c’est la capture, l’analyse et le partage de données personnelles au service de la santé, du bien-être ou de la recherche de la performance." [6].

Mais alors que d'aucun comme la CNIL s'inquiète de l'utilisation des données personnelles recueillies par les objets connectés, les utilisateurs quand à eux partageraient leurs résultats sportifs et les mesures effectuées par les objets connectés sur les réseaux sociaux, à tel point : "De leur côté, les géants du Net ont clairement compris la manne que leur offre la dimension sociale de ces applis. Facebook ambitionne d’être à la pointe : le réseau social rachetait en avril l’appli de fitness Move pour l’incorporer à sa plateforme." [6].

Les géants du Web, les GAFAMs, s'attaquent donc aux données et applis sportives, ce qui ne fait que faire ressurgir les inquiétudes orweliennes de ce qui peut être fait de nos données personnelles. Ainsi : "Vos données personnelles telles que votre identité, vos parcours, ce que vous mangez, votre forme physique pourront donc être vendues à des entreprises tierces. Mais ce n’est qu’une des nombreuses (et inquiétantes) perspectives qu’ouvre la popularisation du «  quantified-self  »." [6].

Mais d'autres problèmes, pour des solutions se voulant être pour améliorer la santé, sont la réelle validité médical des résultats des ces objets connectés, sachant que les données recueillis intéressent aussi les compagnies d'assurances : "celles-ci voyant clairement leur avantage dans la collecte de données de santé pour mieux «  ajuster  » leur tarif en fonction de la santé de chacun." [6].

A cela s'ajoute la sécurité des objets connectés qui qualifie l'Internet des objets comme une "passoire", ainsi : "Bruce Schneier, spécialiste en sécurité informatique, écrivait ainsi dans les colonnes de Wired qu’avec l’Internet des objets, si nous n’évoluions pas rapidement, nous « courrions au désastre »." [6].


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Avec tous ces gadgets qui ne s'arrêtent pas aux sportifs et dont la sécurité pose question, on peut se demander quand seront nous obligés de prendre un abonnement pour pouvoir user ses semelles ?




[1] OBJETCONNECTE.NET, "Sport connecté : actualités & tests d’objets connectés", https://www.objetconnecte.net/sport-connecte/, visité le 22/09/2020
[2] Adeline Colonat, "Questions/réponses - Demain, tous connectés au sport ?", Science&Vie, 16/08/2018, https://www.science-et-vie.com/questions-reponses/demain-tous-connectes-au-sport-42496
[3] La rédaction, "Objets connectés dans le sport : effet de mode ou véritable révolution ?", 7/12/2018, https://www.neozone.org/innovation/objets-connectes-dans-le-sport-effet-de-mode-ou-veritable-revolution/
[4] Medium, "Vers un nouveau modèle économique dans le monde du fitness?", nsh_SPORT & MARKETING, 13/12/2019, https://medium.com/@nsh1/vers-un-nouveau-mod%C3%A8le-%C3%A9conomique-dans-le-monde-du-fitness-46fe36bed2e4
[5] Jessica Cheval, "Objets connectés dans le secteur du sport - MBA MCI", https://mbamci.com/start-up-objets-connectes-sport/
[6] Ph V-D, Comment vous devenez accros aux objets connectés"", NouvelObs, 21/11/2016, https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-tech/20140809.RUE5209/comment-vous-devenez-accros-aux-objets-connectes.html





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